[Armistice] Commémoration du 11 novembre
[11 novembre] Les élèves du lycée français de Tananarive ont eu l’honneur d’être associés à la commémoration de l’armistice de la Première Guerre mondiale au mémorial des soldats français et malgaches tombés pour la France au Lac Anosy.
Lecture de deux textes historiques pour saluer la mémoire de ces soldats : le témoignage d’un jeune français au front et le rôle des malgaches durant la guerre, et notamment les faits d’armes du 12ème bataillon de tirailleurs malgaches.
Témoignage d’un jeune français au front
Lettre de Gaston Biron à sa mère. Gaston avait 29 ans en 1914. Blessé le 8 septembre 1916, il meurt quelques jours après.
Samedi 25 mars 1916.
Ma chère mère,
[…] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer ? Je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis vivant ; pense donc, nous sommes montés 1200 et nous sommes descendus 300 ; pourquoi suis-je de ces 300 qui ont la chance de s’en tirer, je n’en sais rien pourtant j’aurais dû être tué cent fois et à chaque minute pendant ces huit longs jours, j’ai cru ma dernière heure arrivée. Oui ma chère mère, nous avons beaucoup souffert. À la souffrance morale de croire chaque instant la mort nous surprendre, viennent s’ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir ; huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours au milieu d’un charnier humain, couchant au milieu des cadres, marchant sur nos camarades tombés la veille ; ah ! j’ai bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma grande souffrance que l’idée de ne jamais vous revoir. Nous avons tous deux bien vieilli, ma chère mère, et pour beaucoup, les cheveux grisonnants seront la marque éternelle des souffrances endurées ; et je suis de ceux-là. Plus de rire, plus de gaieté au bataillon, nous portons dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars. Est-ce un bonheur d’en être réchappé ? […]
Les malgaches dans la 1ère guerre
Pendant la Première Guerre mondiale, le gouverneur général de la colonie, Hubert Garbit, organise la mobilisation des Malgaches. Le premier contingent est envoyé en octobre 1915 vers la métropole, suivi de cinq autres en 1916. Les bataillons de tirailleurs Malgaches comme les Indochinois, furent plutôt utilisés pour des travaux de Génie ou en usine d’armement. 45.863 Malgaches servirent dans les rangs de l’Armée française. Parmi les combattants, 10.000 furent incorporés dans des régiments d’artillerie lourde. Au total, 3.101 Malgaches furent tués ou portés disparus et 1.835 blessés.
En avril 1917, le 12ème bataillon des tirailleurs malgaches est affecté à la 3ème division d’infanterie coloniale. Le 5 mai 1917, il combat pour la première fois au nord de Vauxaillon lors de la 2ème grande phase de l’offensive Nivelle et participe à la prise de la tranchée de l’Aviatik.
Au cours des combats du 29 mai au 3 juin – inclus – 1918 pour la défense de Villeneuve-sur-Fère, le bataillon déplore de lourdes pertes : 46 tués dont le commandant Groine, 298 blessés et 220 disparus, soit un total de 564 hommes hors de combat sur un effectif de 1.159 engagés.
En juillet 1918, le 12ème bataillon de tirailleurs malgaches intègre la Division marocaine et participe à la prise de Dommiers. Le bataillon malgache participe ensuite à l’offensive de septembre 1918 sur la ligne Hindenburg. Le 2 septembre, il progresse au nord de Soissons et s’empare des villages de Terny-Sorny. Le 14, il progresse en direction d’Allemant.
Ce bataillon a obtenu trois citations à l’ordre de l’armée dont l’une d’elle, je cite :
Bataillon magnifique qui, sous l’énergique commandement du chef de bataillon Hippeau, s’est signalé au cours des opérations du 28 août au 15 septembre 1918, par son mordant, sa vigueur, sa ténacité et le bel esprit de sacrifice qui l’anime. Le 2 septembre, malgré les feux nourris de mitrailleuses qui le prennent de flanc et de front, il emporte de haute lutte les organisations du village de Terny-Sorny, y fait près de 200 prisonniers et s’y maintient, malgré de violentes contre-attaques. Le 14 septembre, poursuivant un effort qui ne s’était jamais démenti durant douze jours, il s’élance à l’attaque des positions ennemies solidement tenues ; dans un élan irrésistible, il submerge tout un système de tranchées fortement organisées et défendues par les troupes ennemies, fait plus de 200 prisonniers et capture un énorme matériel.
Le 12ème bataillon est le seul bataillon de tirailleurs malgaches à avoir droit au port de la fourragère qui récompense les unités citées au moins deux fois à l’ordre de l’armée.