Connaissez-vous l’histoire de l’EPFb?

Claude et Chantal Fouché ont été les premiers habitants de l’école.

Leur fille Marion Fénart est revenue à l’EPFb 50 ans après et a rencontré les élèves.

Après quelques échanges, ils ont écrit à l’école et transmis quelques photos. Découvrez leur lettre :

 

 

 

 

“D’Andohalo à …

Il y a cinquante ans, c’était hier …”

En octobre 1969, commence une nouvelle année à l’Université toute neuve de Tananarive. Après quelques semaines en France pour renouveler leurs forces intellectuelles et affectives, Claude et Chantal Fouché, enseignants français envoyés par le Ministère de la Coopération, sont heureux de retrouver Tana, leurs étudiants et leur chère maison d’Andohalo. Trois petites filles y grandissent, à l’ombre des eucalyptus, et l’on attend l’arrivée prochaine d’un petit frère. La vie est belle, pleine de promesses, pour les étudiants comme pour la famille…

Mais tout soudain arrive un gros nuage, chargé d’orage.

Par lettre recommandée, notre propriétaire nous prie de libérer la maison au 31 décembre. Nous cherchons fiévreusement un toit pour nos quatre petits. A cette époque de l’année toutes les maisons convenables sont occupées. Nous en dénichons une, à l’autre bout de la ville, en contre bas d’une petite route, enfouie dans les broussailles, abandonnée depuis des lustres, sans vitres aux fenêtres, sans eau, sans électricité, mais agréablement située et assez spacieuse pour qu’on s’y intéresse. A qui appartient-elle ? L’entourage est désert…  Quelques trois cents mètres plus loin, au service de la Météo, on sait vaguement qu’elle appartenait jadis à la société France – Câbles, aujourd’hui disparue. Où trouver le propriétaire ? Nous finirons par le rencontrer, par hasard, fin novembre, mais il nous laissera sans espoir : sa société ayant mis fin à ses activités, la maison est promise à une destruction imminente.

Pourtant le temps presse. Notre avocat – le bâtonnier en personne – a beau nous rassurer : « Votre enfant plaide pour vous, la propriétaire attendra quelques mois », nous savons qu’il nous faut un toit, d’urgence ! De fait, en désespoir de cause, le 31 décembre 1969, nous avons dû vider notre maison d’Andohalo et partir, dans l’inconnu, chercher refuge dans la maison abandonnée.

C’est ainsi que nous avons fêté le nouvel an à la lueur de nos bougies, assis sur des sièges de deux-chevaux, avec un camping gaz pour tout potage !

Le 2 janvier nous annoncions au « Monsieur » de France – Câbles que nous avions « squatté » sa masure.  Devant le fait accompli … et le bébé qui allait naître… il nous obtint de Paris, l’autorisation de nous installer, à charge pour nous de remettre en service tout le nécessaire.

Dès le lendemain, entre copies et laboratoires de langue, avec l’aide de Freydin, le technicien de l’Institut de Linguistique Appliquée, on se mettait au travail : débroussailler le jardin, le clôturer, semer du gazon, aménager quelques plates – bandes ; remettre des vitres aux fenêtres, sécuriser les entrées, installer l’eau et l’électricité, donner un coup de peinture … En deux mois « la masure » avait repris tournure. Nous y avons vécu deux années de bonheur jusqu’à notre départ en juin 1972.

Dans l’hiver qui suivit, nous avons su, par des amis, que la maison, à nouveau abandonnée quelques mois, après notre départ, avait finalement été rachetée pour devenir une école …

Adieu cuisine, buanderie, cheminée à bois ! Mais vive l’eau, l’électricité, les vitres et le jardin … Place aux pupitres et aux tableaux noirs !

Une école ?…

Pouvions-nous rêver plus bel avenir qu’une école, pour un lieu investi par les amoureux que nous étions, du savoir et de sa transmission ?

Puissent les murs de cette école garder à jamais un peu de ce courage et de cette confiance qui, seuls, permettent de grandir.  

Bravo, les maîtres, et bonne chance les jeunes !

Claude et Chantal Fouché

Février 2019″

Contact : Arnaud de Bonduwe Luciani, direction.epfb@egd.mg 

Marion Fénart, devant l'accueil de l'EPFb, 50 ans après y avoir vécu.
La maison de la famille Fouché, est aujourd'hui l'accueil de l'EPFb.
Chantal Fouché et ses enfants, dans leur jardin qui deviendra ensuite l'EPFb.