Résidence artistique – théâtre | Aïcha Euzet

Deuxième résidence | Janvier-Février 2022

Diplômée d’un master 2 Écriture dramatique à l’ENSATT (école nationale supérieure des arts et techniques du théâtre), d’un master 2 Création de spectacle vivant, d’une licence de Philosophie ainsi que d’une licence en Arts du Spectacle mention théâtre, Aïcha Euzet était en résidence artistique du 10 janvier au 11 février 2022. Cette résidence de création, en collaboration avec Gad Bensalem et Fela Razafiarison avait pour but de mettre en scène son texte “Route sans nom” qui a vu le jour au au lycée français de Tananarive lors d’un  précédent stage en 2020 dans le cadre de ses recherches concernant les Tirailleurs Sénégalais.

Enjeux pédagogiques. Les élèves ont ainsi pu assister au processus de maturation de la mise en scène en assistant à des rencontres avec les comédiens et aux répétitions. Au terme de la représentation, un débat a lieu à partir de la question : “A-t-on le droit d’écrite sur les mémoires identitaires quand on est pas personnellement concerné(e) ? “. Ce travail est particulièrement important dans la construction du parcours à l’éducation culturelle et artistique des élèves.

Synoposis.

Route sans nom est une pièce à la lisière entre le documentaire et la fiction. On y suit le personnage Tubaab Julit, Aïcha, la blanche musulmane, en mouvement entre Chasselay (ville proche de Lyon en France) où se trouve un Tata Sénégalais (cimetière de tirailleurs sénégalais massacrés par les Allemands en 1940), Thiaroye au Sénégal et Antananarivo à Madagascar. Tubaab Julit retourne à Thiaroye en pensée lorsqu’elle marche sur la route de Chasselay menant au Tata et prépare son voyage à Madagascar. Elle cherche ce que les Tirailleurs Sénégalais ont fait là-bas. Pourquoi étaient-ils oppresseurs alors même qu’ils étaient opprimés ? Quel était leur rôle ? A quel moment sont-ils arrivés sur l’île ? Quel était leur rapport à la population malgache ? Qu’y a-t-il derrière la hiérarchie colon blanc, tirailleur noir et malgache ? Elle s’intéresse aux unions entre Tirailleurs Sénégalais et femmes malgaches ainsi qu’à leur descendance. Tubaab Julit se transforme en Petite Vazaha et Mpamosavy Vazaha. Elle se retrouve dans un lycée français à Tananarive où elle mène des enquêtes pour mieux comprendre la postérité des tirailleurs sénégalais à Madagascar. Elle est confrontée à des problématiques qu’elle n’imaginait pas si puissantes et présentes à travers toutes les générations confondues. En parallèle à la trajectoire de Tubaab Julit une fiction se déroule en 1947 pendant la révolution malgache, plus précisément dans la région de Manakara, dans un village aux abords de la forêt. Kemba, une jeune femme, a un enfant issu d’une union avec un tirailleur sénégalais. Lors des événements de mars 1947 elle cache son enfant dans la forêt pour le protéger. Il y meurt mais Kemba invente une histoire où il n’est pas mort. Son texte est une course entre le village et la forêt ; elle se remémore sa rencontre avec le Senegaly, le camp militaire dans lequel il vivait, les liens difficiles entre les Malgaches et les Senegaly. Le lien entre Tubaab Julit et Kemba se fait à travers le temps dans cet espace de la scène où les morts côtoient les vivants.

En mars 2022, un voyage est organisé à Moramanga pour les élèves de terminale – spécialité Humanités, Littérature, Philosophie ayant abordé la thématique “Histoire et violences”. C’est en guise de bilan pour le projet “Route sans nom” et pour comprendre l’importance du lieu de mémoire que les élèves se sont rendus au cimetière des insurgés du 29 mars 1947.

Première résidence | 06-17 janvier 2020

Aïcha Euzet est étudiante à l’ENSATT (École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) où elle suit le parcours écrivain.e dramaturge sous la direction de Enzo Cormann. Elle était en stage au LFT du 06 au 17 janvier 2020 pour intervenir auprès des lycéens sur sa première pièce de théâtre Njël, Aube à Thiaroye, animer des ateliers de jeu et échanger autour de ses enquêtes à Madagascar.

Ses recherches ont porté sur l’Histoire des Tirailleurs Sénégalais afin de compléter son texte en cours “Route sans nom, Senegaly” qui aborde la question des unions entre femmes malgaches et tirailleurs sénégalais en 1947, des enfants issus de ces unions, du poids inévitable de l’Histoire et des séquelles identitaires qu’elle crée. Les lycéens se sont engagés pleinement dans le processus d’écriture de sa nouvelle pièce.

Projet encadré par Mme Corinne Charreyron, professeure de lettres, référente culture